Rentrée…

Que de silence ces derniers mois !… Et ce n’est pas faute d’avoir envie de partager avec vous, plutôt par manque de temps. Les bonnes résolution de la rentrée étaient pourtant bien là, les sujets listés, les coups de cœur notés… Et le temps continue à défiler sans que j’arrive à le rattraper ! Quelqu’un a-t-il une solution ?

Bon je vais essayer d’enrayer la machine et de revenir un peu plus souvent vers vous !

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Des « Vertiges » au « Chagrin »…

de Lionel Duroy

Étrange sensation en lisant ces deux ouvrages à quelques mois d’intervalles que celle de relire la même histoire avec des angles différents, des sentiments autres, des prénoms et des points de vue changés. Et pourtant la même impression de suivre un être un peu fou, traumatisé par une enfance chaotique entre une mère hystérique et un père se débattant pour la satisfaire. Un être qui cherche l’amour tout en le fuyant, perdu dans le labyrinthe de ses sentiments et de ses contradictions.

Lus dans le désordre, ces deux livres m’ont donné la sensation de regarder par le trou d’une serrure, de décortiquer un cœur qui n’était pas le mien,de plonger au sein de l’intimité d’un inconnu qui nous livre sans pudeur jusqu’à ses pires bassesses. Décortiquant son histoire, presque minute par minute, il nous livre sa vie sentimentale dans l’un, son enfance dans l’autre, les deux se croisant inlassablement. On comprend que ses proches y est vu une sorte de viol, d’indécence de livrer aux yeux de tous cette histoire intime… Et pourtant la puissance du style et de l’écriture nous pousse à continuer, à tenter de comprendre ce qui pousse l’auteur à creuser toujours plus loin, à se souvenir, à continuer à coucher les mots sur le papier, narrant ses faits et gestes, à la fois dedans et spectateur les décrivant avec calme et froideur, cherchant surement à comprendre le moment où les choses changent, basculent.

Impudique, parfois blessant pour ses proches, on le prend presque en pitié de s’isoler ainsi, par son souci de l’exactitude qui n’a peut-être pas lieu d’être dans les relations humaines. Incapable de légèreté, rongé par la culpabilité, déprimé, il fait fuir ceux qui l’aiment. Et seule la littérature semble le tenir debout.

Cela semble sombre, mais ces lignes valent le coup d’être lu. On comprend comment l’enfance peut marquer à jamais une vie.

Tournis…

Crotte, zut, flûte ! on est en juin… et je n’ai pas vu passer le joli mois de mai ! Faut dire qu’il a eu des allures de gruyère cette année… J’enchaîne les bulles spatio-temporelles et je me demande si je ne suis pas entrain d’être absorbée par quelque chose de plus grand que moi, bien plus grand ! Bref, vous l’aurez compris je ne touche plus terre, je vis en apesanteur, et j’en oublie jusqu’à mon code de carte bancaire (ce qui n’a pas que des mauvais côté !). Mais surtout je ne trouve plus le temps pour partager, et il va falloir que je trouve une solution car j’ai deux trois belles choses à partager… Un petit avant goût ? Le hasard a voulu que je sois à Nantes le week-end où Marie Piriou (si si rappelez-vous je vous en ai déjà parlé !) exposait quelques unes de ses merveilleuses toiles au Bistro des Docks : que du bonheur et du régal pour les yeux, de la poésie à n’en plus finir, une sensibilité et une douceur qui émane de chaque oeuvre. Une belle pause hors du temps avant d’aller découvrir les Machines de l’ïle… (à suivre)

 

En avant toutes

En avant toutesde Sheryl Sandberg

Les femmes, le travail et le pouvoir

Une amie m’a conseillé ce livre et j’avoue que je l’ai acheté un peu septique, ne croyant pas, comme ont pu le constater ceux qui ont lu mon billet du 8 mars, journée de la femme, à l’égalité entre l’homme et la femme mais plutôt à leur complémentarité. Pourtant à peine la préface de Christine Lagarde lue, j’ai été absorbé par sa lecture, lisant chaque page comme une évidence mais qui avait le mérite d’être écrite.

Sheryl Sandberg, qui a fini par admettre qu’elle était féministe (si être féministe est défendre la place des femmes et leur libre arbitre), pense en toute lucidité que les femmes ont leur rôle à jouer dans le monde, qu’elles ont droit de choisir leur voie et que rien ni personne devrait leur en imposer un. Elle nous dit à toutes d’oser nous asseoir à la table et de de ne pas partir avant d’y être obligée et de l’avoir choisi.

Elle sait que nous, les femmes, nous sous-estimons, trouvons tous les arguments pour ne pas relever le défi qui nous est proposé, contrairement à nos hommes qui foncent et verront après. Elle ne dit pas que c’est simple, ni facile, mais elle nous pousse à accomplir ce que nous voulons parfois sans le savoir et surtout à élever nos filles avec cet idée, à les aider à s’accomplir, à réussir, tout comme on le ferait pour nos garçons.

Lisez ce livre, faites le lire autour de vous, aux femmes bien sûr, aux filles mais également aux hommes car que peut-on accomplir sans un bon partenaire ? Il devrait être obligatoire pour tous avant de se lancer dans la vie active voire universitaire.

Et pour ceux qui n’auront pas le courage d’aller jusqu’à le lire, allez au moins regarder ces conférences TED, en plus elle a de l’humour !

Le Porteur d’histoire

d’Alexis Michalik

Sans anticipation, avec la chance de trouver deux places disponibles, nous sommes allés au théâtre des Champs Elysées voir Le Porteur d’histoire. La salle est petite, intime, on n’y est pas particulièrement bien assis mais qu’importe ! Les cinq acteurs, conteurs devrais-je plutôt dire, vous entraîne dans une épopée où vous oubliez le temps et l’espace. Dans un décor minimum : cinq tabourets, un grand tableau noir, un portant à vêtements… Ils racontent et vous font vivre en direct l’histoire, enfin les histoires, ou plutôt l’Histoire.

On peut être surpris par le démarrage, ils sont là, à vous observer en souriant, terminant leur échauffement tranquillement. Point de rideau qui se lève, point de coups frappés, dès votre installation dans la salle vous êtes dans l’histoire sans même vous en rendre compte. Leur attente patiente de l’installation du public étonne, ils surveillent le dernier spectateur encore agité et quand ce dernier est enfin assis et disponible pour les écouter, ils démarrent.

Cette pièce est un récit, une histoire, à la frontière de la réalité et de la fiction, comme toutes les histoires, même l’Histoire, qui ne peut être complètement objective. « Tout notre passé est une fiction » voilà sur quoi démarre cette pièce incroyable, magique, qui vous entraîne à travers les époques et les lieux. On se retrouve comme un enfant captivé par le récit qu’on lui fait, vivant complètement l’histoire, chahuté par le mouvement de la calèche ou de la jeep, survolant le désert ou voguant sur l’atlantique… On vit ce récit sans évaluer le temps qui passe ou sentir l’inconfort du strapontin.

Et finalement, qu’est-ce qu’une histoire ? « le fondement d’une vie humaine » voilà sur quoi se termine cette féerie.

Invitation à écouter, à lire, à relire… Si vous en avez l’occasion, courrez voir cette pièce, c’est un moment inoubliable, un de mes plus beaux moments de théâtre !

Bulle

Il semblerait, encore une fois me direz-vous (!), que je vienne de traverser une bulle spatio-temporelle qui m’a mise en orbite ! Je viens de reprendre pied après un mois où je n’ai pas touché terre (la preuve en est la pile de linge sur ma table à repasser… mais d’où vient-elle ?) Mais j’ai deux trois choses à vous dire et reviens vers vous très vite. Ceci dit juste pour vous faire patienter ! A bientot

Les Digiborigènes

Je ne sais pas pour vous, mais moi quand je vois certains dans mon entourage scotchés sur les écrans et jouer à des jeux d’une violence qui me rebute, je m’inquiète… Tout naturellement, quand j’ai vu l’intitulé de la conférence de Yann Leroux organisée par l’Hexagone « grandir avec Facebook et GTA » J’ai eu envie d’aller l’écouter.

Ce psychologue et psychanalyste, qui s’intéresse de très près au monde du numérique, s’est spécialisé sur les réseaux sociaux et les jeux vidéo en ligne. Geek lui-même, il a suivi les évolutions et l’émergence de cette nouvelle population qu’il nomme les Digiborigènes. Indigènes du monde numérique, ce nouveau monde à coloniser et qui doit nous coloniser. Même s’il pense qu’il faut humaniser cet espace et garder la main sur les machines, il met en avant les progrès et les changements que ces « nouvelles » technologies ont engendrées.

Ces humains qui vivent avec un pied dans le monde du numérique (voire les deux, mais rarement) trouvent que c’est un lieu où il fait bon vivre, une contrée où les échanges sont aussi agréables que dans la vraie vie et parfois aussi riches. Un monde également fascinant car en perpétuel évolution, nécessitant des mises à jour régulière.

Au départ Internet était un monde lointain, une scène où on pouvait jouer un rôle. Aujourd’hui c’est devenu le monde de la transparence totale, les masques sont tombés. Facebook accueille chaque jour un milliard 200 millions de personnes. Il permet de voyager de profil en profil, de connaitre les personnes plus que par ce qu’elles disent, par leurs listes d’amis. De nouveaux codes de conduite ont émergé, la gentillesse est reine (j’aime !), et la méchanceté a un prix social non négligeable.

Le monde des jeux vidéos est quand à lui bien vaste, fait de sous-monde qui vont de l’action à la simulation, de l’aventure à la réflexion, jusqu’au plaisir pure de jouer. Ils offrent des voyages multiples et permettent la plupart du temps de développer rapidité, reflex et agilité.

L’inquiétude que l’on peut avoir face à ces Digiborigènes dont on ne comprend pas toujours la culture ou la langue, se révèle d’après Yann Leroux infondée. Les enfants qui sont nés avec ces technologies grandissent plutôt bien selon des critères et des chiffres sérieux. Ces technologies qui sont parfois diabolisées n’induisent pas de comportements à risque ou violents, on ne mesure pas d’effet de masse de désocialisation ou d’agressivité. Pas non plus de problème de concentration (à part ceux qui y passe leur nuit mais le problème là est lié au manque de sommeil !) et plutôt un moyen d’augmenter la confiance en soi. Quant à l’addiction, il semble prouvé qu’il n’y en a pas. Il y a des comportements problématique mais dont l’origine n’est pas forcément le fait de jouer mais l’environnement qui pousse à se réfugier dans ce monde parallèle. Et la créativité, elle, est plutôt sollicité dans ces univers autour de laquelle ils s’organisent.

En conclusion, Yann Leroux a affirmé que les enfants d’aujourd’hui s’élèvent et s’éduquent comme ceux d’hier. Ce sont les outils qui ont changé. Il faut reconnaître la valeur de ces outils, ne pas leur tourner le dos, ne pas dénigrer ce monde dans lequel de toutes façons ils évolueront, autant leur en donner les clés.

Me voici rassurer ! Ce ne sont pas des extra-terrestres que je côtoie au quotidien, juste des Digiborigènes, pas si effrayant que ça finalement si on tente de comprendre leur culture, de se laisser quelque peu coloniser !

Les amandes amères

de Laurence Cossé

les amandes amèresJuste l’histoire de deux femmes, de deux mondes différents. L’une va se mettre en tête d’aider l’autre, fière pourtant, dans son apprentissage de la lecture et de l’écriture. Analphabète ou illettrée, qu’importe le terme, elle est handicapée dans sa vie de tous les jours par ce non savoir, qui ne lui a jamais été offert. Marocaine en France, à plus de 60 ans la montagne à gravir semble inatteignable. Pleine de bonnes intentions, la première, traductrice, qui vit de cet écrit inaccessible à Fadila, va mettre son énergie à essayer de lui donner les clés, de ce qui semble si évident à ceux qui lisent depuis l’enfance.

Récit plus que roman puisqu’on sent la véracité de l’histoire de Fadila, perdue dans un monde où elle n’a pas ses repères et où pourtant elle se débat pour avancer, se sentant abandonnée de tous y compris de ses enfants, surtout d’ailleurs de ses enfants. Tout comme celle qui lui apprend avec toute la bonne volonté imaginable, on se trouve face à une énigme. On a du mal à comprendre pourquoi c’est si dure, comment elle peut ne pas comprendre le b.a.ba… On suit l’amitié qui se lie, on sent les découragements de l’une et de l’autre, ce que finalement elles s’apprennent mutuellement. Et surtout on sent l’exclusion qu’induit cet analphabétisme, autant que la pauvreté ou l’exil, l’humiliation qu’il provoque, la honte. Ce livre met en lumière cet état de fait, raconte les difficultés de cette femme avec beaucoup de tendresse, nous donne envie de l’aider tout en mettant en lumière la tache quasiment impossible.

En le refermant, on mesure sa chance de savoir écrire, lire, de le faire sans réfléchir et d’y trouver plaisir et évasion. Comment ferais-je sans la lecture moi qui ne peut m’endormir sans quelques lignes parcourues pour m’échapper de ma journée et dormir tranquille ?

Etre une femme…

Et avoir sa journée !

En ce 8 mars, j’ai une pensée pour toutes les femmes dont on a l’air de se soucier seulement quelques jours avant cette fameuse date. Depuis huit jour au moins, on nous parle de parité, d’égalité, de salaires, de différences…

Soyons honnêtes : nous sommes différentes ! Déjà parce que nous avons le potentiel de porter, faire vivre un autre que nous, un être à part entière qui va se détacher de nous, souvent nous en faire voir de toutes les couleurs mais que dans la grande majorité des cas nous allons aimé plus que nous même. Et qu’on le veuille ou non cela change beaucoup de chose.

Bien sûr cela ne donne le droit à quiconque de nous maltraiter, de nous rabaisser ou de nous payer moins que nos confrères masculins. Mais peut-être que cela nous fait faire certains choix qui ne sont pas forcément en phase avec le monde de l’entreprise, du travail ou encore du politique.

Nous ne sommes ni en-dessous ni au-dessus de la gente masculine, nous sommes à côté d’eux, complémentaires. Nous n’avons pas toujours la même sensibilité, nous ne nous comprenons pas non plus à 100%, mais qu’importe, le monde est ainsi fait !

Alors OUI à la journée de la femme, à quand celle de l’homme ? Qui quoi qu’on dise n’a pas toujours le beau rôle dans nos sociétés dites civilisées…Peut-être que ce serait un premier pas vers l’égalité 😉

06h41

06h41de Jean Philippe Blondel

C’es l’heure d’un train, d’un train qui emporte des provinciaux vers la capitale, des hommes et des femmes pas tout à fait réveillé qui s’y rendent pour un rendez vous ou une semaine de travail. L’heure du train aussi qui ramène vers Paris ceux qui s’en sont éloignés pour le weekend.

C’est dans ce train que se retrouvent côte à côte deux anciens amants, vingt sept ans après leur séparation. S’ignorant physiquement mais se rejoignant mentalement en revivant cette histoire. Étranges retrouvailles pas vraiment souhaitées mais troublantes pour l’un comme pour l’autre. Silencieux et confus, ils vont revivre intérieurement une partie de leur vie, de leurs choix, de leurs échecs et de leurs victoires.

On passe de la tête de l’un à celle de l’autre, des sentiments de l’un à ceux de l’autre. C’est bien écrit, fluide, sobre. Jean Philippe Blondel et sa plume nous font vivre ce huis clos, orchestrent les deux monologues qui se répondent : tension, rancœur, honte, frustration. Chacun se remémore un passé enfoui, s’interroge sur ses improbables bifurcations, laisse les souvenirs enfouis refaire surface et analyse les mutations qu’elle a provoqué dans leurs parcours respectifs. Le temps de ce trajet, coincé l’un à coté de l’autre dans ce train bondé, s’ignorant, on découvre ces deux êtres aux cheminements quasiment inverse.

On a l’impression d’être dans ce train avec eux et quand on aime voyager en train… Un voyage immobile et délectable (merci Corinne pour ce joli cadeau ! ;-)!).