Des « Vertiges » au « Chagrin »…
25 septembre 2015 Laisser un commentaire
de Lionel Duroy
Étrange sensation en lisant ces deux ouvrages à quelques mois d’intervalles que celle de relire la même histoire avec des angles différents, des sentiments autres, des prénoms et des points de vue changés. Et pourtant la même impression de suivre un être un peu fou, traumatisé par une enfance chaotique entre une mère hystérique et un père se débattant pour la satisfaire. Un être qui cherche l’amour tout en le fuyant, perdu dans le labyrinthe de ses sentiments et de ses contradictions.
Lus dans le désordre, ces deux livres m’ont donné la sensation de regarder par le trou d’une serrure, de décortiquer un cœur qui n’était pas le mien,de plonger au sein de l’intimité d’un inconnu qui nous livre sans pudeur jusqu’à ses pires bassesses. Décortiquant son histoire, presque minute par minute, il nous livre sa vie sentimentale dans l’un, son enfance dans l’autre, les deux se croisant inlassablement. On comprend que ses proches y est vu une sorte de viol, d’indécence de livrer aux yeux de tous cette histoire intime… Et pourtant la puissance du style et de l’écriture nous pousse à continuer, à tenter de comprendre ce qui pousse l’auteur à creuser toujours plus loin, à se souvenir, à continuer à coucher les mots sur le papier, narrant ses faits et gestes, à la fois dedans et spectateur les décrivant avec calme et froideur, cherchant surement à comprendre le moment où les choses changent, basculent.
Impudique, parfois blessant pour ses proches, on le prend presque en pitié de s’isoler ainsi, par son souci de l’exactitude qui n’a peut-être pas lieu d’être dans les relations humaines. Incapable de légèreté, rongé par la culpabilité, déprimé, il fait fuir ceux qui l’aiment. Et seule la littérature semble le tenir debout.
Cela semble sombre, mais ces lignes valent le coup d’être lu. On comprend comment l’enfance peut marquer à jamais une vie.