Yaël Naim… et le quatuor Debussy

Quelle belle coïncidence de démarrer l’année avec un concert de cette israélienne talentueuse et généreuse. Hier soir à la Rampe à Echirolles, un moment de pure magie où la Musique (oui avec un grand m) était reine, où l’émotion plus que palpable a emporté un public hétéroclite. Cette voix hors du commun dialoguant avec les cordes du quatuor, sans oublier l’étincelle magique de David Donatien qui accompagne la chanteuse, l’ « arrange » et la révèle dans toute sa plénitude. Intensité, complicité et sensibilité pour un concert d’exception donné par des artistes accomplis. Tous les instruments trouvent leur place, du xylophone au son clair au djembé au rythme endiablé, de la guitare au violoncelle, du piano au violon, de l’alto à la batterie… La rencontre du classique et de l’univers de cette artiste inclassable, où chacun sublime l’autre dans une alchimie exceptionnelle.

Malheureusement, c’était l’avant dernière date, la finale est ce soir à Porte les Valence, mais si vous avez l’occasion d’aller voir Yael Naim en concert courrez-y, avec ou sans le quatuor, je suis sure que vous passerez un moment musical inoubliable.

Franglish

d’Eric Lampaert

Un spectacle qui ne ressemble à aucun autre ! Une petite salle intime où vous avez l’impression d’entrer chez l’artiste, d’avoir été invité par erreur… ou par chance ! Un échalas à la crinière un peu folle commence une conversation avec le public pour partir dans des délires sans fin, à la limite de l’improvisation. Complètement déjanté, sautant de l’anglais au français, agrémenté de quelques autres langues, il nous emporte dans son univers où le rire est roi. Une heure quinze de fou rire en ce qui me concerne, et pas l’envie de quitter la salle quand il a décrété que c’était fini ! Pour ceux qui sont sur Paris, allez voir, c’est incroyablement décalé et vous ressortirez avec le sourire et l’impression d’avoir fait un footing tellement vous aurez ri ! Un artiste à suivre…

C’est là !

Tournis…

Crotte, zut, flûte ! on est en juin… et je n’ai pas vu passer le joli mois de mai ! Faut dire qu’il a eu des allures de gruyère cette année… J’enchaîne les bulles spatio-temporelles et je me demande si je ne suis pas entrain d’être absorbée par quelque chose de plus grand que moi, bien plus grand ! Bref, vous l’aurez compris je ne touche plus terre, je vis en apesanteur, et j’en oublie jusqu’à mon code de carte bancaire (ce qui n’a pas que des mauvais côté !). Mais surtout je ne trouve plus le temps pour partager, et il va falloir que je trouve une solution car j’ai deux trois belles choses à partager… Un petit avant goût ? Le hasard a voulu que je sois à Nantes le week-end où Marie Piriou (si si rappelez-vous je vous en ai déjà parlé !) exposait quelques unes de ses merveilleuses toiles au Bistro des Docks : que du bonheur et du régal pour les yeux, de la poésie à n’en plus finir, une sensibilité et une douceur qui émane de chaque oeuvre. Une belle pause hors du temps avant d’aller découvrir les Machines de l’ïle… (à suivre)

 

Le Porteur d’histoire

d’Alexis Michalik

Sans anticipation, avec la chance de trouver deux places disponibles, nous sommes allés au théâtre des Champs Elysées voir Le Porteur d’histoire. La salle est petite, intime, on n’y est pas particulièrement bien assis mais qu’importe ! Les cinq acteurs, conteurs devrais-je plutôt dire, vous entraîne dans une épopée où vous oubliez le temps et l’espace. Dans un décor minimum : cinq tabourets, un grand tableau noir, un portant à vêtements… Ils racontent et vous font vivre en direct l’histoire, enfin les histoires, ou plutôt l’Histoire.

On peut être surpris par le démarrage, ils sont là, à vous observer en souriant, terminant leur échauffement tranquillement. Point de rideau qui se lève, point de coups frappés, dès votre installation dans la salle vous êtes dans l’histoire sans même vous en rendre compte. Leur attente patiente de l’installation du public étonne, ils surveillent le dernier spectateur encore agité et quand ce dernier est enfin assis et disponible pour les écouter, ils démarrent.

Cette pièce est un récit, une histoire, à la frontière de la réalité et de la fiction, comme toutes les histoires, même l’Histoire, qui ne peut être complètement objective. « Tout notre passé est une fiction » voilà sur quoi démarre cette pièce incroyable, magique, qui vous entraîne à travers les époques et les lieux. On se retrouve comme un enfant captivé par le récit qu’on lui fait, vivant complètement l’histoire, chahuté par le mouvement de la calèche ou de la jeep, survolant le désert ou voguant sur l’atlantique… On vit ce récit sans évaluer le temps qui passe ou sentir l’inconfort du strapontin.

Et finalement, qu’est-ce qu’une histoire ? « le fondement d’une vie humaine » voilà sur quoi se termine cette féerie.

Invitation à écouter, à lire, à relire… Si vous en avez l’occasion, courrez voir cette pièce, c’est un moment inoubliable, un de mes plus beaux moments de théâtre !

Niki de Saint Phale

Fontaine StravinskyCertains lieux à Paris ont pour moi le goût de la madeleine de Proust, La fontaine de Stravinsky réalisée par Tinguely et Niki de Saint Phale à Beaubourg en fait partie. Alors quand j’ai entendu qu’une exposition sur l’artiste se tenait à Paris, je n’ai eu qu’une idée  : m’y rendre.

Bien sûr, il y avait un monde fou en ce mercredi de vacances scolaires mais les œuvres n’en étaient pas moins là, les témoignages de l’artiste émouvants. Cette femme qui aurait pu être anéantie par la violence d’une enfance incestueuse, que l’on a cru folle au point de lui faire subir des électrochocs, était tout simplement habitée par des personnages auquel elle devait donner naissance. Rebelle et d’une sensibilité démesurée, elle voulait être une héroïne, révéler au monde ce qu’elle était. A travers l’art, elle a su domestiquer les démons qui l’habitaient. Chaque oeuvre est une partie d’elle, exprime son intériorité. Sculpture, collage, moulage, dessin, partout la couleur éclate apportant une touche de dérision mais surtout de joie et de lumière.

Il était assez étonnant de voir les enfants s’émerveiller devant ses grosses dames immenses et bariolées, ces Nanas gonflables, suspendues au plafond et réalisant une sorte de ballet surréaliste. Ces femmes amplifiées portant son espoir d’une société où elles auraient droit de cité. Ces personnages, si éloignés de son physique de mannequin. Avant-gardiste dans sa manière de s’habiller, provocatrice parfois, elle utilisait tous les moyens pour exprimer ses convictions.

Montage de phtographies prises à l'exposition du grand palais

Artiste autodidacte et hétéroclite, elle cherche à exprimer ce qu’elle ressent du monde qui l’entoure, lutte à sa manière pour la libéralisation de la femme, décrit la violence de la société et des injustices qu’elle perçoit. Séduite à 25 ans par l’oeuvre de Antonio Gaudi, en particulier le parc Guël, elle rêvera d’imiter le maître barcelonais et sera son propre mécène pour l’un de ses projets les plus audacieux, le Jardin des Tarots, parc habité d’immense sculpture dans le sud de la Toscane.

A travers son art, qu’elle souhaitait accessible au plus grand nombre, Niki de Saint Phale voulait apporter joie, humour et couleurs… pour moi elle a atteint son but, on se sent plus léger en compagnie de ses sculptures, pour la plupart ludiques.

Alexandre Hollan

Encore un coup de cœur ! Entraînée par une amie, (j’avoue je n’avais jamais entendu parlé de ce peintre !) je suis allée voir l’exposition « 30 ans de vies silencieuses » au musée Hébert de l’autre côté à La Tronche.

Courez-y (pour ceux qui peuvent !) même si l’exposition dure jusqu’au 3 novembre car vous aurez surement envie d’y retourner ! Les aquarelles sont incroyables. Rien d’évanescent ici. De la couleur, de la matière, de la lumière. Ces vies silencieuses -natures mortes bien vivantes !- vibrent. le papier a été caressé, frotté, lissé. On sent le travail patient de l’artiste, son regard posé sur les choses, la recherche de la lumière dans la couleur. Les formes s’effacent pour révéler l’oeuvre. On ne fait que deviner le fruit, le vase ou la bassine percée, on s’approche pour scruter le grain ou la trame du papier, on s’éloigne pour englober la composition, on se recule encore pour se laisser porter par la magie et la beauté de ces peintures. L’art contemporain oublie souvent l’art de peindre au profit de concept parfois obscur au spectateur non averti. Pourtant la peinture a encore beaucoup de choses à nous dire… Ici il suffit de regarder, d’admirer.

Si vous avez un peu plus de temps, écoutez l’artiste parler de son regard. L’homme semble doux et humble (il l’est surement !) Sa voix au léger accent (né hongrois il vit en France depuis presque 60 ans) explique avec patience le genèse de ses œuvres. On sent le travail sous-jacent à chaque oeuvre. On le voit manier le pinceau, le fusain, la gomme. On admire sa main qui passe et repasse pour révéler ce que les yeux ne voit pas. Et on aperçoit une autre période de son oeuvre : les arbres. Prenez encore quelques minutes pour traverser et allez au deuxième étage de la maison en admirer quelques uns. Vous verrez que le noir est couleur !

Marie Piriou

Affiche-ptits-joueurs-MariePiriouMarie est un petit bout de bonne femme pleine de talent ! Découverte il y a quelques années, une de ses merveilleuses peintures habite notre maison… Maitrisant son chemin, elle continue à peindre avec son cœur et c’est à l’occasion d’une nouvelle exposition que j’ai eu l’envie de vous en parler.

Ses toiles vibrent, évoluent et sont surtout consistante ! De la matière, du relief, des couches, des couleurs, des petites filles, des ballons, des clés… elles nous parlent toutes de sentiments connus, parfois enfouis comme l’émerveillement du regard d’un enfant, la douceur de la rondeur d’une joue, le sourire timide du rêveur… Le voyage auquel elle nous invite nous entraine, légers, vers le haut, le ciel et les étoiles pour admirer un petit bout de nature, un regard, un visage, une silhouette.

Bretonne, il vous faudra vous rendre à Nantes pour avoir la chance d’apercevoir une de ses œuvres mais si vous avez l’occasion, ne la manquez pas !

https://www.facebook.com/marie.piriou.peinture?ref=hl

Opéra de Lyon : là où le noir est roi…

La Rivière aux courlis

Il est parfois intéressant d’aller découvrir une œuvre à l’aveugle. Et c’est ce que nous avons fait samedi soir. Et nous étions dans le noir total !

Déjà au sein de cet objet architectural créé par Jean Nouvel. Tout y est noir, quelques touches de rouge, un peu de métal, des diodes… Des volumes envahissants, des sensations vertigineuses, un plafond oppressant, des sièges durs et trop hauts… Comme si l’objectif était de vous mettre dans l’inconfort.

Ensuite cette œuvre musicale finalement comme écrite pour ce jouer là, en harmonie avec le lieu : un décor noir où de fines lames de miroir perturbent votre perception de l’espace, de la hauteur pour les musiciens, une sensation de vide, des chanteurs en noir, un visage rouge l’autre blanc, une touche métallique dans le manteau du voyageur, une histoire de folie, de mort, de passeur, une musique quasi de chambre qui se contente de dialoguer avec les choristes dont les voix sont là pour toucher, presque sans éclat.

Curlew River, opéra de la seconde moitié du XX° siècle de Benjamin Britten, dont je l’avoue je n’avais jamais entendu parler jusque-là, est une œuvre difficile pour un néophyte, sorte de parabole sur le passage d’un pays de l’est à un autre à l’ouest par le biais d’une rivière, histoire d’une mère éplorée et devenue folle suite à l’enlèvement de son fils… Encore un aveu, je n’ai pas trouvé le sens caché de l’histoire. Et si j’ai aimé les cœurs d’hommes, en particulier en latin, et surtout la voix cristalline de l’enfant qui semble alléger l’ensemble, j’étais heureuse que l’Opéra ne dure qu’une heure quinze !

Ce voyage dans les ténèbres, que ce soit de l’architecture ou de l’œuvre musicale a eu juste la durée pour ne pas devenir trop oppressant et rester culturellement intéressant.

Un beau matin… Aladin

D’après les contes des mille et une nuits, du 19 au 22 mars à la MC2

Réalisé par Matèj Forman

Raconté par Agnès Sourdillon

AladinDès la lumière éteinte, dès la première note de musique la féerie s’installe. Des lanternes, que l’on a envie de dire magiques, se promènent sur scène et au-dessus du public, éclairant de leur lumière diffuse des mains qui se tendent pour les effleurer. On se retrouve instantanément plongé dans un monde magique fait d’ombre et de lumière, de personnages réels et de marionnettes, de plume et de légèreté. La musique s’atténue et une voix à la tonalité envoûtante commence le récit. Elle nous captive avec une note d’humour et quelques anecdotes connues de tous, et puis elle nous entraîne au pays du roi devenu fou, au pays de Shéhérazade qui captiva ce roi, au pays d’Aladin, au pays des dromadaires et du sable chaud.

Ce voyage en Orient, animé par les marionnettes aux expressions si humaines, par les décors faits de voiles soulevés par l’air chaud est une véritable parenthèse onirique. Le récit a pourtant la force des contes qui sous leur caractère anodin révèle la sagesse de ceux qui ont vécu.

Le spectacle se joue jusqu’à samedi… Si vous avez l’occasion allez voyager !

En Quête d’Art

Quelques amis bien attentionnés m’ont offert un bon pour… une « œuvre d’art » !

Je me suis donc retrouvée en quête de la perle rare, et activée pour dénicher ce trésor. J’ai suivi leurs conseils, fouiné ici où là, ouvert grand mes yeux et mes oreilles ce qui a occasionné de belles rencontres et de jolis clin d’œil !

J’ai commencé mon voyage avec Juliette Lemontey dont j’ai été admirer les œuvres à la librairie du Square à Grenoble. Des portraits sans visage, on dirait de l’encre de chine, un trait proche de la calligraphie, du noir, du gris du blanc, quelques touches de rouge… Du silence, comme une absence… Un certain regard mais pas de coup de foudre…

Ma deuxième étape s’est faite sur la toile, sur le site d’Ophélie Vaganay. Pour le coup la couleur explose sur ces tableaux, on ressent la matière, l’épaisseur de la peinture à l’huile. Les tons sont acidulés, vivants, francs, chauds. Comme une sorte d’objectif, ses pinceaux saisissent des instants fugaces : un rayon de soleil sur un sommet, l’ombre d’un arbre sur la mer, une scène de marché… mais toujours pas de coup de foudre !

Je suis allée ensuite me promener sur le site de Valérie Guilaumé, dont je connais certaines œuvres installées chez des amis. Elle dompte l’acier pour créer, le plie, le roule, le perce, le découpe… Selon le traitement qu’elle lui fait subir, l’histoire est différente, la matière se révèle. Meubles, luminaires, sculptures, une grande diversité, plusieurs univers caractérisent cette artiste… pour aller plus loin il aurait fallu la rencontrer, se raconter, chercher aussi où l’acier aurait pu trouver sa place… Cela ne s’est pas fait !

pouleJ’ai également rencontré Jerome Bayet, auteur des sculptures (oiseau, chèvre, girafe…) qui parsème Corenc en ce moment et qui est tout aussi sympathique que ces œuvres le laisse présager ! J’ai été admirer quelques-unes de ses œuvres exposées à Voiron à la galerie Place à l’Art, ce qui m’a permis de découvrir d’autres artistes tout aussi talentueux… J’ai finalement acheté une de ses drôles de poules mais pour l’offrir à qui rêve d’avoir un poulailler ! Le clin d’œil m’a amusé…

Et puis j’ai échangé avec l’une, avec l’autre… Et d’autres passerelles sont apparues. J’ai pris contact avec une artiste basée à Paris, Blandine Deny, dont j’ai eu l’occasion de voir certaines sculptures. Après une balade sur son site, où certaines œuvres m’avaient tapé dans l’œil, nous avons pu échanger au téléphone avec beaucoup de plaisir. Et même si elle s’est avérée être originaire de Voiron, son atelier en région parisienne ne me permettait pas d’aller voir de visu ce qui m’avait séduit sur l’écran… Cela ne s’est donc pas concrétisé ici non plus mais je garde précieusement ses coordonnées.

SilenceEnfin, je suis entrée en contact avec une artiste de Chartreuse, Marie Montagnat Ponsar, dont « la peinture se nourrit chaque jour des moments précieux de l’existence », suis allée dans son atelier à Crolles, et là, ai eu un coup de foudre ! Pour sa maitrise de la couleur d’abord, de la lumière, du mouvement. Pour cette spontanéité que l’on sent dans ses toiles. Pour son univers, sa franchise, son accueil, ce moment partagé en toute simplicité.

Pour une toile enfin qui se nomme « silence »…