Opéra de Lyon : là où le noir est roi…
13 avril 2014 Laisser un commentaire
Il est parfois intéressant d’aller découvrir une œuvre à l’aveugle. Et c’est ce que nous avons fait samedi soir. Et nous étions dans le noir total !
Déjà au sein de cet objet architectural créé par Jean Nouvel. Tout y est noir, quelques touches de rouge, un peu de métal, des diodes… Des volumes envahissants, des sensations vertigineuses, un plafond oppressant, des sièges durs et trop hauts… Comme si l’objectif était de vous mettre dans l’inconfort.
Ensuite cette œuvre musicale finalement comme écrite pour ce jouer là, en harmonie avec le lieu : un décor noir où de fines lames de miroir perturbent votre perception de l’espace, de la hauteur pour les musiciens, une sensation de vide, des chanteurs en noir, un visage rouge l’autre blanc, une touche métallique dans le manteau du voyageur, une histoire de folie, de mort, de passeur, une musique quasi de chambre qui se contente de dialoguer avec les choristes dont les voix sont là pour toucher, presque sans éclat.
Curlew River, opéra de la seconde moitié du XX° siècle de Benjamin Britten, dont je l’avoue je n’avais jamais entendu parler jusque-là, est une œuvre difficile pour un néophyte, sorte de parabole sur le passage d’un pays de l’est à un autre à l’ouest par le biais d’une rivière, histoire d’une mère éplorée et devenue folle suite à l’enlèvement de son fils… Encore un aveu, je n’ai pas trouvé le sens caché de l’histoire. Et si j’ai aimé les cœurs d’hommes, en particulier en latin, et surtout la voix cristalline de l’enfant qui semble alléger l’ensemble, j’étais heureuse que l’Opéra ne dure qu’une heure quinze !
Ce voyage dans les ténèbres, que ce soit de l’architecture ou de l’œuvre musicale a eu juste la durée pour ne pas devenir trop oppressant et rester culturellement intéressant.