Java
1 juin 2013 Laisser un commentaire
Coeur de cet archipel de plus de 17 000 îles, l’Indonésie, Java abrite la capitale Jakarta mais c’est à Yogyakarta que l’on découvre le mieux les traditions complexes et la culture de cette fabuleuse île. Les villes, polluées et souvent encombrées, n’ont pas beaucoup d’attrait mais les paysages sont superbes, des volcans aux rizières, du bleu des lacs au fond des cratères, au vert de la végétation luxuriante, en passant par le gris soutenu de pierres jusqu’au jaune soutenu des cristaux de souffre, l’île regorge de merveille qu’il faut découvrir avec patience, au rythme indonésien.
Après notre découverte de Yogyakarta à bord des beçaks colorés, nous avons pris la route pour rejoindre le temple de Borobodur, plus grand monument bouddhiste au monde, construit entre le VIIIe et le IXe siècle. Lieu de pèlerinage impressionnant, son ascension se fait au rythme des bas-reliefs relatant les épisodes de la vie du bouddha. La terrasse supérieure, ponctuée de cloches de pierres ajourées, atteinte, une vue magnifique sur la campagne alentours s’offre à vous, ponctuée de rizières et de cocoteraies, avec en toile de fond le volcan Merapi.
Nous sommes redescendus sous le soleil montant, pour aller parcourir à vélo cette campagne luxuriante, visiter les villages traditionnels de cette région, riches d’un artisanat encore bien vivant. Accueillis dans la maison d’un instituteur pour un déjeuner riche en couleurs, nous avons pu danser au rythme des gamelans avec les enfants du village.
Le jour suivant, nous avons visité le temple de Prambanan, hindouiste, impressionnant ensemble de plus de 200 sanctuaires, servant de toile de fond au spectacle traditionnel de danse, qui met en scène l’épopée indienne du Ramayana., présentée au clair de lune dans toute la féérie de ce décor.
Le lendemain aux aurores un nouveau voyage nous attendait, en train cette fois-ci. Direction Surabaya, en classe « business » s’il vous plait ! Rien d’extraordinaire ceci dit, à peine le confort de nos vieux TER, mais vu la vitesse de la locomotive mieux vaut être confortablement installé ! Seuls blancs dans la voiture, nous attirions l’attention et le pittoresque de ce voyage, portes ouvertes pour l’aération, nous a charmé.
Mais Surabaya n’étaient pas le but à atteindre. A peine arrivé à la gare, un autre moyen de locomotion pour rejoindre Probollingo d’abord, par une route relativement facile, puis le petit village de Cemero Lawang, situé au bord du cratère de Tengger à 2237 m d’altitude, par une route beaucoup plus éprouvante.
Enfin nous y sommes ! Il ne nous reste qu’à manger un morceau et dormir quelques heures avant de nous lancer dans l’ascension nocturne du Penenjakan…
Départ 3h du matin dans un froid irréaliste, et une nuit d’encre, ici point de pollution lumineuse ! Armés de nos lampes torches nous suivons en silence, encore endormis, notre guide averti… Certains sont plus frais que d’autres, et le groupe peu à peu se dissout. Seuls les plus résistants iront jusqu’au sommet à 2700m qu’il faut atteindre avant le lever de soleil pour que le miracle s’accomplisse…
Mais quelle récompense ! Devant nos yeux éblouis, le ciel s’éclaircit peu à peu, la boule de feu monte lentement, éclairant peu à peu l’immensité du cratère, dessinant par touches successives les différents volcans, dont le mythique Mont Bromo, crachant régulièrement des nuages de fumée blanche, et le point culminant de Java , le Semeru, culminant à 3676 m… La brume peu à peu se dissipe, glissant lentement d’ouest en est, comme une sorte de fantôme visitant cet immense cratère de 10 km de diamètre. Quelle magie ! L’effort en valait la peine. Loin du bruit des 4×4, installés sur la pente au milieu de la végétation, à quelques mètres du sommet, nous sommes subjugués par le spectacle, savourant chaque variation de l’éclairage, chaque nuance de couleur.
Le froid est toujours là, le vent s’infiltre et la faim commence à se faire sentir. Nous quittons donc la scène pour redescendre au village, empruntant le sentier abrupte en sens inverse, traversant les plantations de légumes, cette fois ci à la lumière du jour. Arrivés à l’auberge, nous savourons l’excellent petit déjeuner avant d’aller prendre quelques heures de repos, voire finir la nuit !
Voyage dans le voyage, cette randonnée reste un moment inoubliable !
Les plus courageux sont descendus dans le cratère pour aller jusqu’au Mont Bromo, grimper jusqu’au bord du cratère et jeter quelques offrandes à l’exemple des hindouistes, pour « calmer la bête ». D’autres se sont promenés dans le village, assourdis par le bruit incessant des deux roues chargés de famille et d’offrandes, animant une sorte de ballet continu entre le village et le Bromo. Les derniers sont restés au calme dans le jardin de l’auberge, récupérant de leur courte nuit, a l’abri de la poussière soulevée par les véhicules motorisés… Chance, ou malchance, d’être là en ce jour de pèlerinage ?