Parnü
24 juillet 2012 Un commentaire
Parnü, littéralement « ville des tilleuls », de ces alignements qui bordent ses larges avenues, le long du front de mer. Citée prisée par les estoniens pour leur vacances estivales, les guides vous la présentent parfois comme le Saint-Tropez de l’Estonie… Mais en cette saison printanière, on sent plutôt l’ambiance des plages de Normandie et on aurait plutôt tendance à la comparer à Deauville ! Ici aussi les centres thermaux rivalisent de faste pour accueillir le curiste, l’architecture accroche l’œil : ici un palais art nouveau, là des villas en bois coloré, ailleurs une église flamboyante, des remparts ou une tour. Les rues piétonnes invitent à la flânerie, la promenade sur la plage au vagabondage et à l’évasion avec son horizon plat et infini…
Nous avons marché, comme si nous étions perdus, nos pas résonnant dans la lumière du soir qui s’étiole, les rues désertes, larges, inhabitées… les flaques d’une pluie récente, et tout à coup, entre les arbres, un paquebot, accroché à la plage et fouetté par le vent… le sable qui tourbillonne et s’infiltre partout, la mer qui se déchaine, la plage à perte de vue…
Nous avons poussé la porte de l’hôtel, grimpé les étages, admiré la vue, parcouru la vaste salle à manger issue d’une autre époque, nous nous sommes imaginés un siècle plus tôt en villégiature dans cette cité balnéaire… Nous sommes sortis sur la terrasse balayée par le vent, avons marché dans le jardin avant d’atteindre la plage. Nous nous sommes retournés pour admirer cette architecture blanche aux formes arrondies, ses gardes corps légers qui filent d’un bout à l’autre de la façade, ses baies alignées et ces hublots parsemés sous l’acrotère, enfin ses mats où flottent les couleurs de l’hôtel. Ce bâtiment « art déco » des années 30 vaut vraiment le détour !
Le souvenir de Parnü est de n’y être demeurés qu’une seule nuit, peu attirés par les lieux au bénéfice de Haapsalu où planait l’écho de Tchaikovsky qu’accompagnaient, un rien anachronique, des bâtiments Jugenstil. Il y faisait une paix baltique qui nous avait ravis (plus une attaque de tique, pour l’anecdote).
En Estonie ? Des rochers de couleurs sable s’avancent en certains lieux dans la Baltique d’huile que rident des vaguelettes de vent. Le soleil d’août chauffe en laissant respirer, en laissant souffler une caresse. La lumière se faufile dans le sous-bois, caresse -c’est le mot !!- tel sous-bois moussu et vert, un sous-bois surprenant pour une pinède qu’ici habite de la vie. Le soleil d’été est à la hauteur de l’automne, il en a le goût et la beauté.
Merci pour les mots de voyage, qui font prendre conscience d’avoir parfois raté parfois des lieux tels que celui-ci.