Atlas
20 mai 2013 Laisser un commentaire
Nous sommes arrivés dans la grisaille et le vent. Et même si nous avions quitté la France par un froid polaire, nous étions un peu dépités. Nous avons donc roulé de Casablanca à Marrakech, sur une autoroute surprenante, bordée de vaches ruminantes et de troupeaux de moutons, traversée ici ou là, par des piétons plus ou moins chargés… Prudence !
Après un déjeuner rapide, composé d’un délicieux tajine, première saveur du pays, nous nous sommes attaqués à la route menant au col du tizi n’tichka, toujours dans la grisaille.
Lacet après lacet, nous avons grimpés les centaines de mètres éprouvants nous séparant du Haut Atlas.
Mais la récompense était au sommet (2 260 m) ! Comme par magie, le ciel bleu est apparu, les paysages métamorphosés par la lumière d’un soleil bénéfique, éclairant les contrastes de terre rouge et de champs d’un vert tendre. Tout à coup, nous nous sentions arrivés…
La route, étonnement, est devenue plus facile, traversant des paysages totalement dépaysant. Elle redescend sur le versant sud de l’Atlas à travers un paysage rocheux et tourmenté, ponctué de villages de pisé rouge. Puis elle s’élargit doucement et continuent.
Nous avons pris le temps d’un petit détour jusque Aït Benhaddou, ce spectaculaire village, véritable entrelacement de maisons fortifiées adossées à la montagne, étonnant décor, qui semble tout droit sorti du Moyen Age. Ensuite nous avons filé, traversé Ouarzazate et son environnement naturel grandiose si prisé par le cinéma, puis une région désertique dominée par quelques Kasbas, jusqu’à Skoura où nous attendaient nos hôtes bienveillants, dans un riad de pisé, aux murs protecteurs d’un bon mètre d’épaisseur, perdu, au calme, au milieu de la palmeraie.
Reposés après une nuit au calme, rassasiés par un petit déjeuner pantagruélique pris au soleil sur une des terrasses dominant la palmeraie, nous avons repris la route qui suit le cours de l’oued Dadès, traversant des villages noyés dans la verdure des oasis, avec pour toile de fond les sommets enneigés de l’Atlas. Les plantations de rosiers de part et d’autre, embaument en cette période précédant la récolte, les nids de cigognes ponctuent le paysage au sommet des minarets et autre tour. Boulmane-du Dadès atteinte, nous avons remonté la route sillonnant au cœur des gorges du Dadès, ou le paysage d’abord verdoyant et cultivé laisse place progressivement à un décor de montagne aride… Le temps nous manquait pour aller plus avant et nous reprîmes la route pour atteindre Tineghir, suivre la route qui offre un superbe panorama sur l’oasis et poursuivre jusqu’aux gorges de Todgha, impressionnantes de verticalité et faisant le bonheur des passionnés d’escalade. Après une pause méritée dans la fraîcheur de l’ombre des impressionnantes falaises, s’élevant à plus de 300m au-dessus de nos têtes, nous repartîmes pour atteindre le but de notre épopée : Merzouga. La route peu à peu s’est trouvée bordée de petites dunes de sable annonciatrices de l’Erg Chebbi. Nous avons traversé Rissani, dernière ville avant le Sahara, avant de prendre la piste menant à cet Oasis aux portes du désert.
Là, débute un autre voyage. Abandonnant notre véhicule, nous avons changé de monture pour prendre le rythme et la température du désert. Chacun perché sur un dromadaire, nous sommes lentement entrés dans le désert dont les dunes chatoyantes atteignent 150m. Avec la lumière déclinante de fin de journée, les formes et les couleurs invitent à la rêverie, le rythme du pas du dromadaire vous berce, vous transportant dans un autre espace-temps. Petit à petit, vous vous enfoncez dans les dunes, laissant derrière vous la palmeraie, le bruit et l’agitation. Oubliant votre quotidien, séduit par votre ombre sur celle de ce compagnon à quatre pattes, vous admirez cette étendue de sable ondulante, le ciel d’un bleu limpide, vous savourez le vent s’engouffrant dans votre chèche pourtant noué de mains de maître, le soleil nuançant le paysage. Votre destination se résume à quelques tentes berbères, tendues de tapis et aménagées de lits confortables. Vos hôtes ont le sourire éclatant et vous servent un thé à la menthe, qui, au milieu de ce décor, a une saveur particulière. Il vous reste une heure pour admirer la lente descente du soleil, marcher pieds nus dans le sable, y dessiner des mots éphémères… avant de déguster le tajine délicieux cuit à l’énergie solaire ( !) vous asseoir autour du feu de bois, écouter le rythme du djembé, danser si le cœur vous en dit, admirer le ciel étoilé à nul autre pareil, puis rejoindre Morphée dans le calme extraordinaire de ce lieu.
Nous avons quitté à regret ce campement, sous un soleil levant donnant une autre physionomie au paysage, mais non moins charmante. Les babillements et les rires de la veille ont laissé place à un reposant silence sur le chemin du retour.
Pour retourner à Marrakech, après cet interlude magique, nous avons choisi la route traversant les régions sahariennes, vastes et dépouillées, entre les vallées de Tafilalt et du Drâa, un paysage désertique avant de retrouver la verdure au bord de l’oued Drâa, puis Ourzazate et la route du col Tichka, en sens inverse. Cette fois sous le soleil, les paysages, accompagnant notre redescente sur Marrakech, étaient comme métamorphosés.