Mobilité et Aménagement d’un territoire
4 avril 2012 Laisser un commentaire
Notre mobilité grandissante, les infrastructures qui la portent, ont permis à ceux qui le souhaitaient de s’éloigner des centres urbains ou des centres d’activités pour aller habiter toujours plus loin, à la recherche d’un cadre de vie souhaité, ou en tout cas abordable.
Le revers de cette situation est que ces mêmes personnes se trouvent dépendantes de cette « mobilité » mais surtout de ses aléas : bouchon, grève, retard, coût. De plus cette mobilité a accentué le phénomène de spécialisation d’un territoire, sectorisant par fonction un grand nombre de lieu : ici le travail, là l’habitat, plus loin les loisirs, ailleurs la consommation… Les individus se déplacent de l’un à l’autre, en consommant temps et argent sans parler de l’impact environnemental. Ce phénomène exclut de fait ceux qui n’ont pas les moyens de cette mobilité, qui n’y ont pas accès.
Aujourd’hui les territoires sont étalés, nos déplacements de plus en plus fréquents. Notre réduction de temps de travail n’a pas engendré plus de loisirs mais plutôt plus de déplacements. Qui n’a pas dans son entourage un couple où l’un au moins part travailler 3, 4 jours ou plus dans une autre région voire un autre pays de manière régulière ? Nous n’évaluons plus nos distances en km mais en durée, notre optimisme se référant toujours à des durées en heure creuse et en situation idéale, oubliant par exemple les bouchons des heures de pointes. On habite à ¼ d’heure… si tout va bien ! Or tout ne va pas toujours bien !!!
Avec la mort annoncée des énergies fossiles, les constructeurs automobiles se ruent tous dans la recherche de nouveau moteur pour pallier à cette pénurie. Mais il faut en parallèle réfléchir aux mobilités de demain, aux modes de faire et aux usages futurs. Penser non pas forcément à moins de mobilité mais à une meilleure mobilité qui permette à chacun de gagner du temps, pour soi, pour les autres, pour un équilibre général. Prendre en compte toutes les strates de la population : les enfants, les jeunes, les actifs, les seniors, les handicapés, les exclus… aux aspirations différentes parfois opposées.
Nous devons penser l’aménagement de nos villes aujourd’hui, pas seulement en améliorant les possibilités de déplacement, mais surtout en essayant d’induire moins de besoin de déplacement ou des déplacements différents, doux, en mixant les fonctions, en dynamisant les pôles urbains existants pour offrir au plus près les fonctions quotidiennes. Nous devons prendre en compte le temps de l’aménagement, son rythme, la durée des processus de décision, la chronologie des constructions : l’équipement implanté simultanément, avant ou après les logements n’induit pas les mêmes comportements et usages. Si l’école arrive après les logements, les enfants inscrits ailleurs auront trouver un équilibre difficilement transposable, si le TC arrive simultanément, les habitants auront plus facilement le reflex de l’utiliser sans prendre d’autres habitudes…
Enfin, il ne faut ni contraindre ni empêcher mais faire adhérer, expliquer des solutions bénéfiques pour tous, dans des aménagements de qualité améliorant le temps de tous.