Journal d’un corps

de Daniel Pennac

Comment résister à la sortie d’un « Pennac » ? Président du jury lorsque j’ai été jurée du livre Inter, j’ai une tendresse particulière pour cet auteur dont j’ai lu tous les livres… Souvent léger et distrayant, parfois rempli de vérité, aucun ne m’a séduit comme ce dernier…

Quelle prouesse que ce livre ! Le journal qu’un homme tient de son corps, de 12 ans et quelques, à 87 ans, heure de son agonie. Cadeau posthume à sa fille adorée, où il lui transmet toute son humanité, toutes les surprises que lui a procuré son corps, tous les défis qu’ils se sont mutuellement lancés.

Rien à voir avec un journal intime, pas d’analyse de société ni de psychologie. Le centre du livre est ce corps, révélé sans pudeur, analysé par la curiosité et la sagacité du narrateur, racontant toutes les sensations dans le détail y compris ce que la bienséance voudrait taire. Le sujet est sérieux. Compagnon d’une vie, le corps est ici respecté avec ses forces et ses faiblesses, dans son évolution lié à l’âge et aux divers tracas, tellement riche et parfois si indomptable. Formidable hommage à ce corps que l’on a tendance à oublier quand tout va bien, qui se rappelle parfois douloureusement à nous, mais qui reste jusqu’à la dernière minute le réceptacle de nos vies.

Ecrit avec beaucoup d’humour et de légèreté, le sujet est pourtant profond, et apparait universel, même à un corps de femme !