Villes intelligentes
14 mars 2012 Laisser un commentaire
On a tendance à mettre sous le terme « villes intelligentes » une quantité de nouvelles technologies qui peuvent contrôler, gérer, régler et fournir une certaine quantité d’information et de flux dans un temps réduit, et ce dans de nombreux domaines… Dans celui particulier de l’information et de la communication, ces nouvelles technologies changent notre rapport à l’espace et au temps, influencent nos comportements et changent notre perception du territoire dans lequel on vit. Si on voit apparaître un peu partout sur notre planète pléthore de « gadgets » plus ou moins utiles, ces technologies innovantes ne doivent pas être un mirage qui cacheraient des villes inhumaines ou induiraient des comportements contraires à ceux souhaités. Il faut placer l’usager au centre des réflexions et penser quelle technologie pour quel usage, ne pas oublier le service public au détriment du marketing urbain, travailler à la simplification du quotidien et satisfaire de nouveaux usages tout en promouvant des comportements responsables. L’exemple des Velib’ à Lyon, partenariat entre la ville et l’entreprise Decaux, précurseur sur ce service, rentre dans cette catégorie.
Ces nouvelles technologies doivent se mettre au service d’un projet global, un projet porteur de sens et d’amélioration. Pour cela, il faut qu’il soit partagé par le plus grand nombre, que chacun puisse se l’approprier, se sentir acteur et bénéficiaire.
Alors que plus de 50% de la population mondiale est urbaine, et que ce pourcentage ne cesse de croître, l’évolution de nos cités doit être au cœur de nos réflexions. Les « modes de faire » sont tout autant importants que les technologies utilisées pour faire aboutir les projets.
Comment ces villes que l’on souhaite plus « intelligentes » peuvent-elles mieux qu’hier, garantir un cadre de vie qualitatif donnant à chacun l’opportunité de s’épanouir ?
Le temps des villes est un temps long, même si l’on voit aujourd’hui des villes d’Asie émergées en quelques années. En Europe, il n’est pas calé sur le temps des politiques et ne doit pas l’être. On ne peut précipiter les choses. Il faut prendre le temps de mieux construire nos villes de demain tout en agissant au quotidien. Les projets doivent se mettre au service d’une planification, réfléchie et stratégique, née des intelligences individuelles et des expériences particulières, devenues collectives, et ainsi construire des territoires plus cohérents. Il nous faut être « Agile », livrer des projets qui fonctionnent aussi rapidement que possible tout en gardant un objectif clair qui tend vers plus d’urbanité.
On parle de ville, mais il serait plus judicieux de raisonner en bassin de vie, en territoire abolissant les limites administratives pour se concentrer sur des polarités qui font sens. Cette approche globale et visionnaire ne doit pas phagocyter les particularités et les individualités mais les mettre en valeur dans un ensemble cohérent. Il s’agit de fédérer autour de l’avenir d’un territoire, de mobiliser les politiques dans ce sens et de partager, expliquer, transmettre ces projets dans la confiance.
Si on se réfère au concept développé dans le programme européen « European Smart Cities » une ville est « smart » si elle obtient de bonnes performances dans l’ensemble des six critères, souvent interdépendants les uns des autres : l’économie, la mobilité, l’environnement, les habitants, les modes de vie et la gouvernance. Une ville peut alors se définir « intelligente » quand l’ensemble de ses investissements va vers une économie viable et durable, une haute qualité de vie pour tous et une participation active des citoyens dans la gouvernance. L’objectif en tirant nos villes vers plus d’intelligence est de fournir au citoyen, bien sur, mais également aux entreprises le meilleur service possible. Une ville perpétuellement engorgée par la circulation automobile rend le quotidien de ses administrés compliqué, mais influe également sur le dynamisme de son économie, son rayonnement possible et son accessibilité.
Une ville « intelligente » n’est-elle pas finalement une cité propice au développement qu’il soit humain, économique, politique, culturel, artistique… dans un environnement respecté ?