Kawah Ijen
18 septembre 2013 Laisser un commentaire
Encore un nom mythique de l’île de Java, extrémité est de son épine dorsale faite de plus de 40 volcans. Après notre ascension du Penenjakan pour admirer le mont Bromo au milieu du cratère de Tengger nous avons poursuivi notre périple. Sur la route, une étape bien appréciée sur la plage de Pasir Puthi pour un premier bain dans une eau délicieusement chaude et décorée de ces très beaux bateaux de pêche à balancier. Nous avons poursuivi jusqu’à Kebun Balaman, ancienne colonie hollandaise productrice de café où nous avons visité l’usine de traitement des cerises de café après un bain dans les sources d’eau chaude décontractante !
Après une courte nuit, nous avons repris une route plus que chaotique pour rejoindre le parking en bas du mont Idjen, aller à la rencontre des porteurs et des vapeurs de souffre. Là il faut poursuivre à pied et l’ascension qui nous attend est difficile : pentes terreuses et glissantes, labyrinthe de cailloux. Emmitouflés au départ nous ne tardons pas à nous réchauffer : la cote est raide ! Chacun monte au rythme de son souffle ou de ses genoux… Nous ne tardons pas à nous faire doubler par les premiers porteurs, fins et musclés. Ils grimpent le chemin rapidement leurs paniers calés sur la nuque, chaussés de botte en caoutchouc ou de tong. Le sourire aux lèvres mais les yeux rouges d’avoir trop respiré les vapeurs. Ils s’arrêtent volontiers pour un cliché en échange de biscuits, nous rajoutons nos dosettes de collyres précieusement apportées de France mais ce qu’ils demandent avant tout ce sont des cigarettes, comme si leur poumon déjà brulés par le souffre n’en avait pas assez !
La montée se fait au rythme de ses rencontres. Au fur et à mesure que l’on s’élève la vue sur la forêt primaire alentour se révèle magnifique. On commence à croiser les porteurs chargés de leur souffre qui redescendent avec cet incroyable sourire toujours inscrit dans leur visage buriné. Ils portent jusqu’à 100 kg sur leurs épaules, et semblent toujours aussi légers dans leur démarche, sautillant presque malgré leur chausse de fortune.
Arrivés à la station de pesage, certains s’essayent sans succès à soulever les paniers, comme aimanté par le sol. Quelle force surhumaine possèdent ces hommes pour y arriver ? On admire leur force et leur courage, tout en sachant que leur espérance de vie est plus que réduite pas ce travail archaïque…
La pause s’achève et l’ascension reprend pour rejoindre le haut du cratère perché à 2380 m. Le cracheur de souffre porte bien son nom ! Nous arrivons dans un nuage sulfureux qui nous fait suffoquer. Les allergiques fuient, les autres humidifient leur foulard et persévèrent. Le volcan est en pleine activité et les hommes au fond du cratère s’activent. Impossible de les rejoindre aujourd’hui sans gêner l’ascension des porteurs chargés des blocs jaune fluo. Au travers des vapeurs nous tentons d’apercevoir le souffre liquide qui coulent et se solidifie. Un souffle bénéfique dégage le nuage sulfureux et nous regardons émerveillés le lac cyan apparaître, les coulées de souffre orange, les blocs jaune que les hommes cassent pour rapporter la précieuse matière et la revendre pour quelques roupies. Le paysage révélé est magnifique, desséché et lunaire sur les arêtes du cratère, coloré et animé en son sein. Notre effort est largement récompensé, même s’il est bien dérisoire comparé à celui de ces hommes qui pour faire vivre leur famille arpentent 2 à 3 fois par jour, jour après jour, inlassablement, les pentes du volcan.
Le spectacle admiré à loisir, il faut redescendre. Le chemin inverse est tout aussi ardu. Le souffle est soulagé mais la raideur de la pente ne ménage pas nos genoux. Arrivés au parking nous rejoignons les baraques de bois où les travailleurs viennent se retrouver, manger un morceau, boire ou jouer.
Il est temps de repartir pour rejoindre ketapang et le ferry qui nous mènera à Bali. Nous rejoignons les véhicules pour une descente lente sur les chemins pentus et cabossés de la forêt primaire où les fougères arborescentes découpent le ciel. Des pauses sont nécessaires pour écouter la faune, admirer les oiseaux, prendre le temps de sentir cet univers hors du temps. Puis la route se fait plus aisée et nous traversons les cultures de caféier, de giroflier, puis de rizières.