Porto : souvenirs…
27 janvier 2012 Un commentaire
Si ma mémoire est bonne, c’était un matin de février, le 13 il me semble. Nous étions dans ce train depuis plus de vingt-quatre heures, et nous sentions approcher, avec une excitation mêlée d’angoisse et de soif de découvrir, la ville de notre arrivée : PORTO. Nous en rêvions depuis un an déjà, sans la connaître, sans rien savoir d’elle, et nous nous précipitions vers cette inconnue sans vraiment l’imaginer. Première vague d’étudiants Erasmus, nous nous sentions pionnières, avides de découvertes et d’expériences tout au long des mois que nous allions y passer.
L’ultime étape, l’ultime porte à franchir, avant de quitter ce train et de partir à l’aventure, était la traversée du Douro. Barrière sud de Porto, fleuve que la ville surplombe, domine et qui la présente si magnifiquement.
Alors que nous nous sentions suspendues dans le vide, au-dessus de l’eau sombre emplissant son lit, nous aperçûmes les prémices de Porto. Façade colorée qu’elle exhibe pour qui veut bien l’aborder ainsi. Façade dense de tant d’immeubles, hauts, étroits, qui s’entassent, semble-t-il, sans ordre ni logique. Façade évocatrice, façade attirante. Premier regard sur une Ribiera vivante, même de si loin, où il semble que les rues n’existent pas, que les édifices sont collés les uns aux autres. Première vision chatoyante qui reste sans doute, encore aujourd’hui, la plus présente à ma mémoire.
Ainsi, toutes à notre éblouissement, nous n’avions pas relevé le ralentissement du train, sa marche au pas comme pour nous laisser profiter de cette première image, pour nous laisser l’enregistrer, la savourer. Mais là n’était pas la raison ! Une femme portugaise, avec qui nous avions conversé quelques instants plus tôt, vint, avec sollicitude, nous expliquer le ralentissement du train. Nous roulions sur un pont d’Eiffel, agé de plus d’un siècle, et « ils » ont peur que le pont s’écroule ! Celui que l’on aperçoit des fenêtres du train, tout encore à sa construction, est pour remplacer celui-ci ! Ah ! Du calme ! Evaluons la hauteur…Un architecte en devenir ne doit pas être sujet au vertige… Ouf ! Le pont est derrière nous !
Et pourtant, quelle grâce, quelle ligne. Son arche enjambe le fleuve avec aisance, soutenant son tablier sans effort inutile… Son collègue, à ses côtés, a l’air guindé… Plat, droit, direct, fier. Une prouesse technique, sans aucun doute ! Mais où se trouve le charme discret de ce vieux pont métallique de notre ancêtre… Le hasard fera que nous repartirons de Porto sur l’autre pont, quelques jours après son inauguration. Mais quel beau symbole, tout de même, que d’accéder à Porto, ville tant désirée, par l’aide d’un compatriote. Je me sentais déjà chez moi !
Marrant comme l’autre partie du « nous » ne se souvenait pas de cet épisode. Comment notre mémoire sélective peut-elle être à ce point ingrate ! Mais du coup, c’est que du bonheur de réimaginer les émotions vécues à l’époque… d’autant que maintenant que tu le dis…
Saudade, saudade