Porto : souvenirs mélangés…
26 avril 2012 Laisser un commentaire
J’ai vécu dans cette ville… et j’y suis retournée ! J’ai aimé cette ville… et je l’ai retrouvée, à la fois changée et telle que je l’avais laissée…
« Coimbra chante, Braga prie, Porto travaille. » affirme le dicton populaire.
Porto, ville sobre et élégante, toujours vivante et dynamique. Porto, généreuse et humaine. Porto, ville industrielle, commerçante et marinière, Porto et ses habitants laborieux… Calée sur l’embouchure du Douro. elle fut à l’origine du nom de la patrie. Porto, deuxième ville du pays, ville de granit, lavée par les pluies et écrasée de brouillards. Porto qui m’a pourtant accueillie la première fois baignée de soleil, pour me séduire sans doute.
Porto, ville des contrastes savoureux, des goûts raffinés. Porto aux quartiers fascinants, aux architectures insolites, à l’énergie étonnante, à l’accueil chaleureux… Porto qu’il faut parcourir, à pied, en tramway, pour la connaître, l’apprécier, la cerner, la comprendre.
Porto et ses vieux quartiers abrupts, avec le Douro pour berceau et miroir, quartiers « baroques » synonymes de fantaisie, d’inattendu, d’exubérance. Noyau ancien fait de tissus compacts, vieux de plusieurs siècles : Ribeira, Barredo, Sé (cathédrale) et Miragaia. Vieux quartiers populaires, écrin médiéval aux ruelles animées. Etroites et tortueuses, elles dégringolent dans une cascade de maisons, qui, elles, s’élancent vers le ciel comme pour mieux respirer en cherchant la lumière et qui se soutiennent les unes les autres. Façades curieuses, pleines de charme, témoins d’architectures soignées d’autrefois, si belles dans leur simplicité de guingois, presque irrémédiablement dégradées. Immeubles surpeuplés, pauvres, mais cependant si envoûtants.
Les observer de haut, étonné de voir ce tapis de tuiles dans lequel on ne distingue aucune coupure, si ce n’est ces verrières aux formes savantes et ces terrasses aux jardins improvisés, suspendus au-dessus de ce quartier magique. Merci à Nasconi d’avoir édifié ces deux cent vingt cinq marches qui m’ont permis de m’élever de soixante seize mètres. Perchée sur la Torre dos Clerigos, belvédère et phare, clocher le plus élevé du Portugal, point de repère des bateaux rentrant au port, j’ai pu admirer, tout à mon aise, ce parterre rouge vermillon dévalant jusqu’au Douro limoneux.
Depuis sa cathédrale, si proche de l’image que l’on a d’un château fort, on domine, et puis on se sent comme aimantée par le cœur de la ville, comme attirée, sans résistance possible, tout d’abord par ces petits toits colorés que forme le marché et qui sautent aux yeux, puis par ces échappées que l’on entrevoit, que l’on devine. Flâner, ivre de couleur et du parfum prenant des restaurants typiques, accrocher son regard aux ferronneries des balcons où s’agitent linges et draps colorés, souvent des fleurs aussi. Se laisser aspirer par ces rayons de soleil qui filtrent plus loin. Dévaler ces passages ombragés, parfois même sombres et mystérieux. Apercevoir, tout à coup, à l’angle d’une maison, ce fleuve tranquille qui coule au pied de ces quartiers vivants. Longer ce quai de pierre où se succèdent dans un rythme effréné toutes ces portes de bois coloré…
Ou encore traverser le pont et s’en faire une idée globale en dérivant sur l’autre berge, où accostent encore ces bateaux typiques, annonciateurs de bons vins. De là, les couleurs s’interpellent, dialoguent, comme une foule excitée. On aperçoit, dominé par cette tour qui nous a fait le cadeau de pouvoir l’admirer de haut, l’ensemble des constructions qui nous appellent, nous font signe de revenir… Berceau de la ville, autour desquels elle a développé son centre, où commerces et bureaux se mêlent, et puis, plus loin, toutes ces habitations : vers la mer les quartiers « chics », ailleurs ces grands immeubles, ces quartiers denses.
Porto et son fleuve. Il est là, barrière et en même temps échappatoire… C’est lui, si on le suit, qui nous mène à l’Océan, tranquillement. C’est aussi lui qui nous parle de ces raisins qui mûrissent dans sa vallée, de ces bateaux qui rapportent à Porto le fruit des vendanges venant reposer, en face, dans ces grands chais au toit long. L’Electrico, tramway que l’on peut emprunter pour longer cette rive a le charme desuet des véhicules que l’on ne voit plus que dans nos vieux films : intérieur de bois et de cuir, sonneries variées, secousses qu’il faut amortir avec adresse ! Mais il prend le temps de la parcourir, nous laissant profiter du double paysage. D’abord le premier, dégagé et presque lointain, difficilement accessible, occupant les flancs de l’autre rive : Vila Nova de Gaia. Puis le second, proche et fragmenté : tous les édifices qui occupent la berge, divers et évocateurs, chacun à leur manière, d’une partie de la vie et de l’histoire de Porto.
On peut l’arpenter à pied aussi et c’est à ce moment-là qu’apparaissent avec plus de présence ces ponts magnifiques qui relient Porto au sud. J’ai déjà évoqué les ponts ferroviaires, mais les ponts autoroutiers ont tout autant de qualités. D’abord le pont Luis, reliant directement les centres de Porto et de Vila Nova de Gaia, autrefois destiné aux automobilistes, ce pont, à double tablier se partage aujourd’hui entre le métro et les modes doux et a tout le charme de son modèle. Il fut, en effet, l’œuvre de Seysig, collaborateur d’Eiffel. Petit frère du pont Maria Pia, il a bien retenu la leçon. Et puis, plus loin, il y a ce géant, ouvrage d’Edgar Cardoso : le pont de Arràbida. Œuvre de béton armé remarquable pour l’ouverture de son arche, il ne peut qu’impressionner le passant qui le voit s’envoler au dessus de lui, sautant le fleuve d’un bond ! Et d’autres encore, plus récents, tous cadreurs de « morceaux choisis » de paysage, ils participent avec entrain à la vie de Porto.
Porto, enfin, et son avenue de sept kilomètres qui vous mène à l’Atlantique. Avenue longue et monotone, bruyante et passante, et pourtant nommée Avenue da Boavista (belle vue) et qui vous mène à la mer… Et oui, Porto, ville tournée vers l’Atlantique… Cette mer si présente, si capitale dans la vie des portugais, par où on peut s’évader, s’enfuir. La promenade le long de l’Océan, ponctuée de forts d’où l’on peut dominer et surveiller les vagues qui claquent sur la jetée, cette écume blanche qui lèche tout ce qu’elle rencontre… Cette mer qui les relie à l’Amérique, à leur passé, source de tant de découvertes. Cette MER dont ils sont autant que de leur pays…